Quand j'étais en prépa, j'avais l'impression que tout le monde allait découvrir que j'étais nulle. Je me suis mise à rendre des feuilles blanches...



MES EXPÉRIENCES AVEC LE SYNDROME DE L'IMPOSTEUR

Ayant lamentablement échoué au concours de l'école doctorale en juillet (mon directeur de thèse présent au jury de l'ED a dit que je lui avais mis "la honte"), je me retrouve sur liste d'attente (4 personnes devant moi). Après un été passé à douter, j'apprends à la rentrée que suite à des désistements, je suis prise en contrat doctoral. C'est le plus beau jour de ma vie! (ou presque)!! 2 jours plus tard, j'apprends que je dois présenter et discuter mon projet de thèse (la même présentation???) devant tout mon laboratoire (chercheurs et doctorants à 90% en sciences politiques) la semaine suivante. Je vais jusqu'à imaginer me casser la cheville pour ne pas y aller. Je ne me sens ABSOLUMENT pas capable et soutenue face à ces "experts", ces élites hyper entrainés et qui ont sans aucun doute des connaissances tellement plus pointues sur mon sujet. Mais....allelujah, mon train (qui traverse la France la veille) a un retard de 7h (j'ai jamais autant aimé la SNCF) et j'arrive à 3h du matin chez moi, crevée mais heureuse. Parfaite excuse inespérée pour rater les présentations du matin auprès des autres doctorants qui avaient, eux, brillamment réussi le concours. Il y a un Dieu du syndrome de l'imposteur qui nous aide à rester imposteur :)

Quand j'ai donné une conférence

J'ai toujours peur que les autres doctorants se rendent compte que je ne suis pas aussi intelligente qu'eux. Que contrairement à eux, je ne connais pas toute la méthodologie de la thèse, que je n'en connais pas toutes les étapes du projet à la soutenance. Alors je n'arrête pas de lire par peur de dire une bêtise. Je n'arrête pas de me demander si je n'ai pas raté une étape du processus? Les autres ont l'air moins d'en savoir plus sur tout.

Un directeur de thèse qui adore et félicite régulièrement sa doctorante chouchou qui n'a pas eu le concours de l'ED 2x et qui ne m'encourage et ne me félicite pas et ne veut pas lire ce que je lui envoie.

Le syndrome de l'imposteur, je le vis souvent en tant que doctorante car je ne suis pas littéraire de formation, j'ai même été considérée comme une piètre élève en Français, et je me retrouve inscrite dans un cursus littérature dans lequel mes directeurs me font confiance. J'ai toujours peur qu'ils se soient trompés.

Je n'arrête pas de me dire que je ne suis pas faite pour être chercheuse depuis le début de ma thèse. Cet attitude a été compris comme une sorte de démotivation par mon co-encadrant, ce qui n'aide pas d'entretenir une bonne relation d'encadrement...

"Tous les autres doctorants ont l'air bcp plus intelligents que moi"
"J'ai été choisi par hasard et mes DTs se sont trompée dans la sélection de doctorant..."

Il faut adopter un langage particulier, "académique", c'est un savoir-faire à acquérir

pression du doctorant qui repose sur la charge de travail à accomplir dans un temps qui nous semble déterminé et compté: question qui revient sans cesse de notre entourage "et tu la soutiens quand?"quand est-ce que tu la finis??" "heuuu c'est en cours/pour bientôt!" impliquant un sentiment de pression/se sentir imparfait devant cette charge de travail qui nous semble insurmontable et inachevée

Sentiment de ne pas être à la hauteur, devant un jury si expérimenté en la matière, peur d'être en dessous

Cela représente exactement ma thèse!

A l'inscription de la thèse, j'ai pensé qu'une amie qui ne s'était pas inscrite et qui avait une meilleure moyenne aurait été plus légitime à poursuivre des études de troisième cycle.

J'ai procrastiné avant de débuter l'écriture de la thèse car la tâche me paraissait insurmontable. Je ne savais pas comment remplir la première page blanche, aucun mot, aucun argument, aucun paragraphe ne paraissait assez bien pour y figurer. Alors j'ai repoussé "l'épreuve" en participant à des manifestations scientifiques et en m'investissant dans des associations. Je me suis épuisée à essayer de m'occuper désespérément. Tellement j'avais peur de ne pas y arriver